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Banques et énergies fossiles, une histoire d’amour (toxique) qui a la vie dure

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Un récent rapport d'ONG pointe la responsabilité persistante des grandes banques mondiales dans la crise climatique par le biais de financements toujours importants des énergies fossiles. Les grandes banques françaises ont réduit la voilure ces dernières années, sans pour autant y renoncer complètement. On vous explique.

Entre les grandes banques mondiales et les énergies fossiles, c’est une histoire qui dure depuis les tout débuts de ces exploitations que l’on sait aujourd’hui nocives pour l’environnement. Et il n’est pas exagéré d’affirmer que ce sont ces organismes bancaires qui ont indirectement façonné les industries qui exploitent ces énergies fossiles, à coup de financements parfois colossaux. Vous pensiez que ces banques avaient levé le pied sur ces financements au fil des années, au profit des avancées en matière d’énergies renouvelables ? Un récent rapport publié le 13 mai 2024 par un collectif de plusieurs ONG (Rainforest Action Network, Reclaim Finance, etc.) nous apprend le contraire. Ses auteurs se sont penchés sur les pratiques de toutes les grandes banques mondiales en la matière. Mais nous nous sommes plus particulièrement intéressés aux agissements des établissements français.

Image représentant une banque engluée dans du pétrole

Image générée par IA.

© Les Numériques

14,2 milliards d'euros en 2022

D’après les ONG, qui ont réussi à se procurer les chiffres de 2022, les principales banques hexagonales continuent d'apporter leur soutien financier à l'industrie du pétrole, du gaz et du charbon, malgré l'urgence de la transition énergétique. Si les établissements français ont réduit la part des énergies fossiles dans leurs portefeuilles ces dernières années, ils restent néanmoins impliqués dans ce secteur hautement émetteur de gaz à effet de serre.

En 2022, les banques françaises ont ainsi accordé 14,2 milliards d'euros de financements aux 100 plus grands exploitants d'énergies fossiles dans le monde, se plaçant loin devant leurs homologues britanniques (3,9 milliards), espagnoles (2,7 milliards) ou italiennes (2,3 milliards). BNP Paribas, Crédit agricole et Société générale figurent parmi les principaux pourvoyeurs de fonds européens du secteur pétro-gazier.

Banques et énergies fossiles, une histoire d’amour (toxique) qui a la vie dure

© jutawat Rawichot

Des engagements jugés insuffisants

Sous pression de la société civile, ces grandes banques françaises ont pourtant multiplié ces dernières années les promesses de réduction de leur soutien aux énergies fossiles. Elles se sont notamment engagées à atteindre la neutralité carbone de leurs portefeuilles d'ici à 2050 et ont publié des trajectoires de décarbonation pour les secteurs les plus émissifs comme le pétrole et le gaz.

Mais pour les ONG, ces engagements comportent de nombreuses limites et échappatoires. Les politiques adoptées par les banques n'empêchent pas de continuer à financer les entreprises qui développent de nouveaux projets pétroliers et gaziers. Elles autorisent aussi le financement indirect de l'expansion fossile via des prêts et émissions d'obligations non fléchés.

Les énergies renouvelables pas prioritaires

En parallèle, les établissements français mettent en avant la forte croissance de leurs financements "verts" et de leur soutien aux énergies renouvelables. Selon la Fédération bancaire française, les encours de crédits verts et durables des banques ont plus que doublé entre 2021 et 2022, pour atteindre 216 milliards d'euros. Leurs financements des énergies renouvelables ont progressé de 22 % en un an, à plus de 50 milliards d'euros.

Mais pour les ONG, cette réorientation des flux financiers reste insuffisante face à l'ampleur des investissements qui restent à réaliser pour décarboner l'économie. Malgré une baisse en 2022, les grandes banques mondiales ont encore fourni cette année-là 673 milliards de dollars aux entreprises actives dans les énergies fossiles, avec une part significative provenant des établissements français.

Banques et énergies fossiles, une histoire d’amour (toxique) qui a la vie dure

© KBL Studio

Cesser de financer l'expansion fossile

Pour mettre les financements bancaires en cohérence avec les objectifs des Accords de Paris, les organisations de la société civile exhortent les banques françaises et européennes à cesser dès maintenant tout nouveau soutien financier à l'expansion du pétrole, du gaz et du charbon. Elles demandent une réorientation massive des flux de financement vers les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique et les autres solutions bas-carbone. Selon elles, seule une sortie rapide et complète des énergies fossiles, en commençant par l'arrêt de l'exploration et du développement de nouveaux gisements, permettra de maintenir le réchauffement nettement sous les 2°C, et si possible à 1,5°C, conformément aux engagements pris par la communauté internationale en 2015.

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